16 déc. 2024 Vive l'amitié franco-marocaine

La semaine dernière, je me suis rendue pendant trois jours au Maroc afin de célébrer l’amitié et les relations pluriséculaires qui lient nos deux nations. 

En cette année 2024, cette relation franco-marocaine – une relation vivante et exigeante, fondée sur le respect mutuel, la solidarité et une confiance réciproques – a pris une toute nouvelle dimension avec la signature par Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le Président de la République d’un nouveau « partenariat d’exception renforcé » liant nos deux pays. 

S’ils sont séparés par la mer, nos deux pays partagent une histoire profonde et singulière – une histoire parfois tumultueuse et souvent lumineuse. 

C'est le grand Averroès, mort à Marrakech, qui a ramené les lumières d’Aristote en Europe. C’est aussi le Maroc et ses paysages ocres et bleu d’azur qui ont inspiré les plus grands peintres français comme Matisse ou Delacroix, cet ambassadeur des lumières marocaines. 

 J’ai parlé de la lumière du Maroc - mais notre amitié séculaire a su aussi briller dans les moments les plus sombres. Et je veux ici rendre hommage à Sa Majesté Mohammed V, Lui qui refusa de livrer Ses sujets juifs au régime de Vichy, affirmant que « Les Juifs sont des citoyens marocains qui vivent chez eux au Maroc ». 

Je veux aussi saluer la mémoire des goumiers et tabors marocains, qui payèrent le prix du sang pour libérer la France et le monde, à Monte Cassino ou sur les plages de Provence. 

Après la Seconde Guerre mondiale, il fallut encore quelques années pour que s’achève une ère injuste de domination coloniale, notamment à travers la Déclaration de la Celle-Saint-Cloud de 1955. 

Celle-ci affirmait, je cite, que la France et le Maroc devaient « bâtir ensemble un avenir solidaire ». 

Cet avenir repose sur toutes les coopérations multiples, vivantes, qui tissent d’ores et déjà une relation unique entre nos deux pays. 

Comment ne pas évoquer d’abord nos liens humains, nourris par une présence scolaire et des échanges universitaires d’une intensité rare. Ici, au Maroc, 44 établissements français accueillent près de 50 000 élèves, dont une large majorité sont Marocains. C’est cette jeunesse marocaine, porteuse d’espoir et d’excellence, que j’ai pu aussi rencontrer, à l’École Centrale de Casablanca. Ces jeunes sont les ambassadeurs de notre avenir commun.

La francophonie est elle aussi un pont précieux entre nos peuples : et je sais combien le Royaume s’investit dans l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, dont la prochaine plénière aura lieu à Paris. Nous devons chérir ces liens de langue et de pensée qui unissent nos citoyens et nos grands auteurs, de Tahar Ben Jelloun à Leila Slimani. 

Le Maroc et la France forment une communauté linguistique, mais aussi économique. Et c'est ainsi l’excellence de notre coopération en ces domaines que j’ai pu constater à Casablanca, à l’usine Safran – usine qui mobilise des compétences locales pour des réalisations d’envergure mondiale dans l’aéronautique.

En somme, dans tous les domaines, que ce soit encore pour l’environnement et l’énergie, l’innovation, la sécurité, les migrations, les transports, notre coopération est à la fois dense et essentielle. 

J’ai souhaité aussi réaffirmer devant la Chambre des représentants du Maroc la position de la France, pour qui le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine

L’Assemblée nationale prendra toute sa part pour accompagner le développement remarquable du territoire, aux côtés des opérateurs et entreprises français. C’est ainsi qu'une mission parlementaire pourrait se rendre prochainement au Sahara occidental, notamment pour encourager la conclusion de nouveaux partenariats économiques ou culturels, tous au profit des populations locales. 

Pour faire vivre l’ensemble de ces coopérations riches et essentielles, je crois profondément en la valeur du partenariat entre nos assemblées parlementaires. 

C'est ainsi que nous avons signé, avec le président Rachid Talbi Alami, un protocole renforcé de coopération entre nos Chambres.

Celui-ci réaffirme notre attachement commun à l’État de droit à la démocratie, comme « au caractère intangible de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des deux pays » ; il nous permettra de multiplier les visites d’amitié, les échanges d’expériences, en somme les occasions de nous retrouver ! 

Pour maximiser les fruits de cette coopération, il nous reviendra enfin de conforter les liens qui nous unissent déjà à travers nos commissions, nos groupes d’amitié et le forum interparlementaire franco-marocain, qu’il nous appartient de relancer avec le Sénat et la Chambre des conseillers. 

Ainsi plus proches, nos parlements pourront donc mieux se coordonner, en particulier au sein de l’Union interparlementaire et de l’Assemblée parlementaire de la francophonie

Je crois personnellement en la force de cette diplomatie parlementaire, de Parlement à Parlement et de peuple à peuple. 

En recevant Sa Majesté Hassan II à Paris le 26 juin 1963, le Général de Gaulle leva son verre en l’honneur du Roi et du Maroc, aux côtés duquel, disait-il, « laFrance souhaite marcher sur la route de l’avenir ». 

Ensemble, continuons donc à notre tour de de marcher sur cette route de l’avenir : elle nous mènera vers le progrès des peuples et la paix des nations. 

Vive l’amitié franco-marocaine.